Le blog de Franca

Franca Maï la singuière | Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi 6 janvier 2005

SPEEDY MATA

Une critique de Séverine Capeille sur sistoeurs.net bellaciao.org e-torpedo.net etc...

Elle. Il n’y a qu’elle dans la vie de Mata. Une mère qui remplit l’univers, comme un soleil qui chauffe, réchauffe toujours plus fort, et ne brûle pas. La mère dans le désert, un « roc » que rien ne peut casser, un oiseau dans la tempête, un refuge solitaire où les rêves se mélangent au sable et à la pureté. Une mère dans une HLM de cité. Seule. Le père s’est tiré. Il y a « elle » et Mata. La mère et la fille, la fille-mère et la mère-fille. La féminité. L’amour inconditionnel, l’amour à mort, l’amour au milieu des absences et des tombes alignées.

Speedy Mata se lit à travers des silences. Ceux qui précèdent les sommeils où les beautés se révèlent, où les questions s’effacent dans l’inconscient. Il y a le silence asphyxiant, le silence primaire qui entoure le nom du père, indifférent. Le silence des symboliques qui s’éparpillent au vent. Le silence sur le nom de la mère, qui a oublié d’être femme, qui donne, porte et emporte la vie, qui est la « maman » jusque dans l’infini de l’âme. Et tous les silences de la nuit. Le silence des cris étouffés, des sommeils éternels... Le silence des licenciés qui montent au ciel. Le silence de la chute d’un oiseau, celui des pactes d’amour, des gris-gris de l’espoir et celui des plus beaux cadeaux... Le silence des lettres cachées, du fric que l’on donne en taisant les errances pour le trouver... Le silence qui tue, sans trace, entre les dents serrées... Ce roman se comprend dans les silences de la dignité. Ceux que le lecteur doit interpréter, lire avant que la fenêtre ne s’ouvre, avant que la mère ne se jette dans le vide pour un très long sommeil. La mère, ou toute l’humanité. C’est pareil.

Il y a trop de silence. Mata va tuer, signer la distance parmi les désassortis de la société. Elle va mordre, elle va arracher de ses dents les injustices et les vies saccagées, emballées dans les cartons des huissiers, des menteurs et des croques coeurs toujours pressés. Elle va répondre aux seaux jetés, aux larmes salées, aux bruits de pas dans l’escalier. Elle va donner la mort. Il fait si froid quand on lit Speedy Mata. Il y a la sirène des pompiers en fond sonore. Et tout va très vite. Les possibles s’asphyxient au rythme des trains que la lycéenne regarde pour voyager, au rythme de la chute libre d’une femme défenestrée. Une balle touche le lecteur.

L’injustice s’hérisse, la peau est transpercée. Mata tombe dans les hommes. Sa maman s’est suicidée. Le rêve de propreté baigne dans son sang, abandonné. Ils ont menti, ils n’ont pas tenus compte de la fatigue, de la vie sacrifiée dans l’usine. Ils ont fermé. Speedy Mata, c’est la vitesse et la tristesse des promesses piétinées. C’est un « M » écrit sur le papier. Une majuscule avant le souffle coupé : Maman. Avec un point final désespéré. Un « M » formé de deux montagnes fières, inséparables, élevées au-dessus des bassesses de la société. Une lettre écrite au scalpel, dans la fièvre et l’insomnie. Pour ne pas oublier.

Franca Maï parle de l’existence qui se glace au rythme des impayés, de la mort qui se déguise en vacances quand l’espoir a fugué. De la souffrance et de la force, dans la même proportion. Elle observe l’indifférence, la vengeance, l’humiliation... Elle répond à la question qui se dit tout bas : « Comment peut-on en arriver là ? ». Elle y répond et elle montre du doigt. La seule vraie question ne serait pas « Comment », mais bien plutôt « Pourquoi ».

Speedy Mata Franca Maï Cherche-Midi Editeur En librairie le 6 janvier 2005

SENS INTERDIT: P2P

« C'est la loi. Il faut appliquer la loi. Il faut punir les gens qui dérogent à la loi »

C'est le credo répétitif et obsessionnel de Sophie de Menthon, présidente d'Ethic et fondatrice de la Fête de l'entreprise dont le slogan est « j'aime mon entreprise » à propos du téléchargement illégal sur internet et des supposés « pirates ».

Propos entendus lors d'une retransmission « les grandes gueules »/ RMC, téléchargée via internet sur les conseils d'un ami-collaborateur.

Madame la duchesse -à la coupe au carré implacable- aime les trottoirs bien ordonnés et les sardines-ouvrières si possible en conserve, baignant dans une félicité béate.

Avec une voix de crécelle - haut perchée- cette dame patronnesse vous assène, sourire lyophilisé que « 89% des salariés français ont une bonne opinion de leur entreprise. L'entreprise étant un patrimoine national ». Je vous laisse vous promener allègrement sur son site traitant cyniquement du meilleur des mondes. Vous le dénicherez sans aucune difficulté.

Dois-je rappeler à cette dame qu'avant l'émancipation du sexe dit faible, la loi discriminatoire interdisait aux femelles d'ouvrir la bouche, de voter (1944), d'avoir des opinions, d'avoir des droits égaux à ceux de l'homme dans tous les domaines (24 octobre 1946), de disposer de leurs biens personnels et d'exercer librement une profession (1965), etc... Pourtant c'était la loi.

Heureusement que nos aïeules amazones ont lutté férocement pour contrer un état dit naturel et pour changer le cours de notre destin de pécheresse d'Adam.

Une loi contre le piratage sévit actuellement et se dessine méthodiquement dans le paysage culturel acculant des personnes -qui pourraient être un frère, une soeur, un voisin ou vous-même- au pied du mur, les transformant en de monstrueux délinquants.

La police débarque un matin, saisit vos ordinateurs, vos CD et vous vous retrouvez épinglé comme une vulgaire cantharide au mur, avec une menace de 5 ans d'emprisonnement et une amende frisant l'absurde. Nourrir l'industrie du disque repue et ventrue, n'est certes pas une sinécure.

On fait d'un professeur altruiste -qui a eu la malheureuse idée de télécharger des titres pour les faire partager à la communauté internaute-, le symbole du voyou parfait. On livre son nom, sa vie, ses émotions, sa réputation en pâture et à la vindicte du bon sens populaire. On le frotte aux griffes acérées de la justice.

Allez faites-moi rire encore, chère Madame avec votre Ethique.

Si nous nous penchions un peu sur les cas des harcèlements, des licenciements et des candidats au suicide engendrés par vos paradis artificiels baptisés entreprises...

Mais il est vrai, que certains morts sourient au seuil du voyage éternel. Les spécialistes du rituel funéraire connaissent les usages et les convenances de votre milieu. Surtout ne pas faire de vagues. Ne pas déranger les bâtisseurs du néant.



Il faut donc scrupuleusement appliquer la loi même si celle-ci présage d'un goût douteux pour une culture formatée et bien policée.

Si nous nous penchions maintenant sur l'industrie frelatée du disque. Qui sont les voleurs, ceux qui vendent des CD à 20€ composé de deux titres valables et 10 titres de remplissage ou ceux qui choisissent de ne plus se faire détrousser déloyalement et qui le manifestent facétieusement ?

Et puisque, Madame Sophie de Menthon, vous aimez tant la loi, appliquez-la également aux membres d'AD qui devraient bénéficier légalement de la loi Kouchner mais qui croupissent toujours en prison.

Au moins vous trouverez une utilité à l'éthique de l'application de la Loi.

Et vous servirez à l'équilibre d'une société dite démocrate.