Le blog de Franca

Franca Maï la singuière | Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 30 octobre 2005

Le clandestin: groupe musical basé à l'Est de quelque part

Il y a cette mélodie lancinante et... cette guitare au début d’un morceau qui grince en hurlant, anticipant la ligne d’un destin qui échappe. La voix se pose, s’accrochant à une ritournelle répétitive qui ondule la boîte crânienne pour mieux endormir la vigilance. Mais la guitare revient, insatiable, stridente, ulcérée, marquant cette fameuse ligne blanche qui se tord à force de lactescence et d’insipidité. Celle-là même que l’on broie avec frénésie pour mieux prendre son envol.

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samedi 6 août 2005

Technival Czechtek 2005

Ils étaient nombreux à vouloir faire la fête.

Danser, écouter de la musique, partager, échanger... en une communion festive, joyeuse et pacifiste.

A la place, ils ont croisé les Robocops et les casseurs de rêves

Bilan provisoire: 1 mort, Des centaines de blessés...

Cela se passait en Europe Le 30 juillet 2005

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samedi 5 mars 2005

Léo Ferré: et un jour le Lion est mort...

C'est un 14 juillet 1993 que Léo Ferré tire sa révérence. Le jour même de la fête révolutionnaire parisienne devenue fête nationale.

Histoire de transformer symboliquement la solennité des défilés militaires et le charivari des bals populaires cerclés de feux d'artifice, en y ponctuant définitivement son aura de patriarche libertaire.

Son ultime bras d'honneur.

Il rejoint enfin Pépée, sa femelle de guenon, son âme sœur.

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vendredi 11 février 2005

Patti Smith: La pythie azimutée

« Jésus died for somebody's sins but not mine... Jésus est mort pour les péchés de quelqu'un mais pas les miens... »

La voix de Patti Smith s'est élevée, s'incrustant dans mes veines tel un élixir rageur, m'épinglant à jamais, en zone libre.

Je venais de fêter mes quinze ans. C'est mon prof d'anglais qui m'a guidée vers elle. Pieds nus, la femme éructait des mots échappés de sa boîte crânienne, poings serrés, doux sourire collé à la commissure des lèvres, cognant et engrangeant les maux de la terre dans le bas du ventre. Oui... une femme pouvait s'insurger et vociférer en touchant de manière indélébile votre âme, dans une langue que vous maîtrisiez à peine. Pure alchimie de poésie.

Apparue au milieu des années 70, elle fut après Janis Joplin, une des rares filles à exploser dans un milieu réputé machiste où le sexe faible servait uniquement de faire-valoir. Elle éclata la grille cadenassée de la musique et plus particulièrement celle du rock pour tracer sa voie royale en y plantant des graines farouches. Figure emblématique d'un courant musical prouvant qu'il n'aurait de cesse, à se conjuguer au féminin.

Née le 30 Décembre 1946 à Chicago, Patti Smith est la fille d'une serveuse chanteuse de Jazz, témoin de Jéhovah et d'un prolétaire. Aînée de quatre enfants, elle fait sa pousse dans le New-jersey. A vingt-trois ans, elle s'envole pour New-york où elle trouve un emploi dans une librairie. Elle cohabite avec le photographe Mapplethorpe, encore simple étudiant. Amie de Tom Verlaine, elle fréquente assidûment le CBGB'S et le Max's Kansas City, temples du mouvement Punk où elle déclame de la poésie. Seule dans un premier temps puis accompagnée à la guitare par son complice de toujours Lenny Kaye, également « rock-critic ».

Amoureuse inconditionnelle des vers de Rimbaud, elle écrit sans relâche.

Elle crée une pièce de théâtre « Cow-Boy Mouth » avec Sam Shepard et publie en 1972 « Seventh Heaven » son premier recueil de poèmes suivi de Witt.

Amie d'Allen Ginsberg, de William Burroughs et de Gregory Corso, ces trois mages lui enseignent et lui transmettent trois lois: l'exigence, l'éthique du travail et se conduire en être humain.

Sa carrière prend vraiment tournure en 1975 avec « Horses », l'album produit par John Cale. Elle sort dans la foulée « Radio Ethiopia »(1976) « Easter » (1978) et « Wave » (1979).

Refusant de devenir riche et célèbre et de sombrer dans un mercantilisme statufié, elle annonce sa retraite. Elle épouse Fred Sonic Smith, ancien guitariste de MC5, pour s'installer à Détroit. Elle goûte aux plaisirs confiants de la femme au foyer, élève ses deux enfants et vit ce véritable exil domestique en toute simplicité mais en noircissant des feuilles d'écriture dans une frénésie jubilatoire. En 1988, pour faire bouillir la marmite, elle réapparaît avec dans sa besace, la chanson « People have the Power », qui devient l'hymne de toute une génération. Puis, elle fugue à nouveau. Mais la faucheuse maléfique guette insidieusement et emporte son mari qui meurt d'une crise cardiaque en 1994, rejoint un mois après, par son frère préféré.

Retour à New-York où elle rassemble son groupe et remonte sur scène. Elle accouche des albums « Gone again » (1996) « Peace and Noise » (1997) « Gung-Ho » (2000) « Land1975-2000 » (2002) « Trampin...Live aux vieilles Charrues » (2004) serti du titre phare « Radio Baghdad ». Ce morceau particulier, enregistré en trois prises de 12 minutes dans l'improvisation la plus totale -puisque Patti Smith n'avait pas encore écrit les paroles en entrant dans le studio d'enregistrement- est un véritable opus contre l'administration Bush.

Patti Smith est une artiste intègre et engagée. En chair, en os et en esprit.

Ses prestations Live sont réputées. Visage trempé et androgyne, ruban noir au poignet gauche, pantalon écorché au genou, veste noire de son défunt mari sur le dos, cette authentique furie en offrande, presque sexagénaire, pourrait lire sereinement des contes à ses petits-enfants mais choisit de cultiver à l'envie, son aura de feu.

Elle titille ses adeptes, de ses grandes mains noueuses, les forçant à garder des yeux ouverts et vigilants sur un monde en dérive. Dans une colère indomptée.

Patti Smith est une femme-talisman.

jeudi 6 janvier 2005

SENS INTERDIT: P2P

« C'est la loi. Il faut appliquer la loi. Il faut punir les gens qui dérogent à la loi »

C'est le credo répétitif et obsessionnel de Sophie de Menthon, présidente d'Ethic et fondatrice de la Fête de l'entreprise dont le slogan est « j'aime mon entreprise » à propos du téléchargement illégal sur internet et des supposés « pirates ».

Propos entendus lors d'une retransmission « les grandes gueules »/ RMC, téléchargée via internet sur les conseils d'un ami-collaborateur.

Madame la duchesse -à la coupe au carré implacable- aime les trottoirs bien ordonnés et les sardines-ouvrières si possible en conserve, baignant dans une félicité béate.

Avec une voix de crécelle - haut perchée- cette dame patronnesse vous assène, sourire lyophilisé que « 89% des salariés français ont une bonne opinion de leur entreprise. L'entreprise étant un patrimoine national ». Je vous laisse vous promener allègrement sur son site traitant cyniquement du meilleur des mondes. Vous le dénicherez sans aucune difficulté.

Dois-je rappeler à cette dame qu'avant l'émancipation du sexe dit faible, la loi discriminatoire interdisait aux femelles d'ouvrir la bouche, de voter (1944), d'avoir des opinions, d'avoir des droits égaux à ceux de l'homme dans tous les domaines (24 octobre 1946), de disposer de leurs biens personnels et d'exercer librement une profession (1965), etc... Pourtant c'était la loi.

Heureusement que nos aïeules amazones ont lutté férocement pour contrer un état dit naturel et pour changer le cours de notre destin de pécheresse d'Adam.

Une loi contre le piratage sévit actuellement et se dessine méthodiquement dans le paysage culturel acculant des personnes -qui pourraient être un frère, une soeur, un voisin ou vous-même- au pied du mur, les transformant en de monstrueux délinquants.

La police débarque un matin, saisit vos ordinateurs, vos CD et vous vous retrouvez épinglé comme une vulgaire cantharide au mur, avec une menace de 5 ans d'emprisonnement et une amende frisant l'absurde. Nourrir l'industrie du disque repue et ventrue, n'est certes pas une sinécure.

On fait d'un professeur altruiste -qui a eu la malheureuse idée de télécharger des titres pour les faire partager à la communauté internaute-, le symbole du voyou parfait. On livre son nom, sa vie, ses émotions, sa réputation en pâture et à la vindicte du bon sens populaire. On le frotte aux griffes acérées de la justice.

Allez faites-moi rire encore, chère Madame avec votre Ethique.

Si nous nous penchions un peu sur les cas des harcèlements, des licenciements et des candidats au suicide engendrés par vos paradis artificiels baptisés entreprises...

Mais il est vrai, que certains morts sourient au seuil du voyage éternel. Les spécialistes du rituel funéraire connaissent les usages et les convenances de votre milieu. Surtout ne pas faire de vagues. Ne pas déranger les bâtisseurs du néant.



Il faut donc scrupuleusement appliquer la loi même si celle-ci présage d'un goût douteux pour une culture formatée et bien policée.

Si nous nous penchions maintenant sur l'industrie frelatée du disque. Qui sont les voleurs, ceux qui vendent des CD à 20€ composé de deux titres valables et 10 titres de remplissage ou ceux qui choisissent de ne plus se faire détrousser déloyalement et qui le manifestent facétieusement ?

Et puisque, Madame Sophie de Menthon, vous aimez tant la loi, appliquez-la également aux membres d'AD qui devraient bénéficier légalement de la loi Kouchner mais qui croupissent toujours en prison.

Au moins vous trouverez une utilité à l'éthique de l'application de la Loi.

Et vous servirez à l'équilibre d'une société dite démocrate.

lundi 27 décembre 2004

LA FEMELLE DU PIRATE

Un article de Franca Maï diffusé sur e-torpedo.net sistoeurs.net bellaciao.org framasoft.net musique-libre.org

etc...

« Vous voulez la plus belle discothèque du monde, chacun a ses rêves : il y a des filles qui veulent 153 diamants mais elles ne peuvent pas se les payer et n’en ont aucun » Pascal Nègre le patron d’Universal Music France à propos du Piratage…

Mais tu es qui toi pour parler des rêves supposés des filles ? N’habille pas les femmes de ton rêve d’homme qui pense pouvoir les acheter avec des diamants. Tes rêves sont obsolètes, ils appartiennent à une génération tronquée.Les songes des femmes sont plus universels et généreux. Ils ne s’arrêtent certainement pas à tes lucioles de pacotille.

Elles rêvent par exemple que le pirate-mécanicien, le pirate-chômeur, le pirate-cuisinier, le pirate-Alexis et le pirate-pirate échangent gratuitement et en toute liberté leurs choix musicaux puisqu’il s’agit de choix et non pas d’un matraquage radiophonique imposé ou d’une industrie musicale frelatée.

Après tout, la musique adoucit les mœurs. Cet échange via l’Internet, convivial et défricheur, permet de partager des émois. Et si par hasard, tous ces pirates réunis avaient du goût ?… Une couleur différente de la couleur ambiante.

Comme un livre que l’on prête à un ami parce que l’on sait qu’il doit le lire, la musique voyage. Aucune incidence commerciale. Lorsque l’on a une révélation, on finit toujours par acheter. L’humain est ainsi, il aime collectionner les originaux. Tester en premier lieu, comme les lecteurs qui appréhendent un roman à la bibliothèque municipale avant de se l’offrir. Où est le problème ?…

L’usager du P2P n’en tire pas de bénéfice pécuniaire seulement un enrichissement de l’esprit. Il s’ouvre au monde, à la mixité, aux racines tumultueuses. Juste le plaisir de télécharger 2000 à 4000 titres pour le bien-être de ses oreilles et pratiquer une sélection qui lui ressemble vraiment.

Au début du siècle, les gens chantaient dans la rue, dans les cafés,… partout…. La transmission des mélodies était joyeuse, festive, gratuite. Maintenant, fredonner sur le macadam est interdit. Une journée formelle par an baptisée « la fête de la musique » est octroyée aux citoyens. Dans quel monde vivons-nous ?

Puisque les associations de consommateurs, les sociétés civiles d’artistes-interprètes ont appelé à la solidarité avec les internautes mis en cause, qui sont ceux que cette lattitude dérange ?

Jusqu’à trois ans de prison et 300.000 Euros d’amende.

Tu es qui toi ? … Tu rêves mal.