Le blog de Franca

Franca Maï la singuière | Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi 26 octobre 2006

Assis ! Couché !

Au départ, c’est le souffle d’une chanson qui réchauffe le tympan. Son titre : Bellaciao. Des voix de femmes s’élèvent. Les corps mènent un dur labeur dans les rizières. Alors les tessitures unies par la sueur et la transpiration crachent une mélopée traduisant les souffrances journalières dues aux insectes et aux moustiques, redoutables « harceleurs » au diapason des contremaîtres et des exploitants de la vallée du Pô. La mélodie est un large cri énergique, rageur, révolté, lancé au ciel où se nichent les lueurs indomptables d’un soleil nommé solidarité. Puis Bellaciao, porteuse d’éclats lumineux, motive les résistants italiens anti-fascistes pendant la seconde guerre mondiale et devient un chant de protestation et l’hymne du mouvement ouvrier...

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jeudi 23 février 2006

Au pays des nuages comateux

 : Un enfant "hyperactif" est un danger supposé pour une société en carence d’imaginaire et en rupture de grands desseins.

Dès ses balbutiements, cet enfant bourré d’énergie est taxé d’indocilité, soupçonné d’office de préparer les armes de son incapacité à se fondre dans le troupeau bêlant des moutons inodores.

- Comment donc remédier à cet indélicat qui mine le paysage d’un monde carré, policé et tout sécuritaire ?

L’expertise de l’INSERM, sous caution scientifique, vient de cracher sa réponse indigeste :

A- Elle préconise le dépistage du « trouble des conduites » chez l’enfant, dès son plus jeune âge...

-Allo... Docteur... mon fils ne parle pas, il hurle pour s’exprimer

- Filez-lui un xanax

- Merci Docteur

- De rien, Madame BEETHOVEN

Nous échappons ainsi à la délinquance de la cinquième symphonie.

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lundi 31 octobre 2005

QUI SAIT ?

Qu’est-ce que l’on a à perdre... franchement, lorsque l’on n’a plus rien à perdre ?... Lorsque la vie est une sempiternelle course à la survie se résumant à ne transpirer que pour tenter de s’alimenter décemment, entre deux jobs fragiles dont on se gausse, car très éloignés de nos aspirations profondes. Des lieux de travail et d’ennui, où tu sais au fond de toi-même que tout un chacun y est interchangeable, exposé brutalement à la comparaison du « moins cher ailleurs ou du plus rentable autre part ».

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mardi 4 octobre 2005

L'Inhumanité repose chez vous

Qui se soucie de Nathalie Ménigon ? Sa famille, ses proches, ses amis et deux trois pelés en quête d’une justice équitable. Les intellectuels de ce pays ayant déserté le navire bancal depuis des lustres, trop avides à servir leurs malheureuses petites chroniques dans la soupe indigeste de la presse dite officielle. La justice de ce pays dort sur ses deux oreilles, bercée par la voix lointaine d’un chanteur au charisme assassin mais néanmoins placardé dans toutes les gares. Il faut souligner que la justice aime la musique car comme dit le vieil adage, elle adoucit les moeurs et qu’elle trouve des circonstances atténuantes au sieur Papon, en l’auréolant de la loi Kouchner. La clémence sirupeuse emprunte des voies insaisissables quelquefois.

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mercredi 21 septembre 2005

L'autisme de Marie

Marie Trintignant, n’aura pas l’occasion de sortir un double album en public assorti d’un double DVD comme l’annonce le groupe Noir désir, actuellement en promotion pour sa propre musique. Car Marie Trintignant est morte et enterrée, bouffée par les vers, privée irréversiblement de parole. Elle a été tuée par les coups de son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat, en juillet 2003. Ce dernier purgeant actuellement sa peine derrière les barreaux pour une durée de huit années.

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vendredi 5 août 2005

En cinq coups à bout portant

« L’homme tué par des policiers vendredi à la station de métro Stockwell dans le sud de Londres n’était pas lié à l’enquête sur les attentats jeudi dans la capitale britannique, a annoncé samedi Scotland Yard » L’homme avait la peau dorée du soleil Pakistanais. L’homme était vêtu d’un épais manteau rembourré. En plein Eté Les pieds ancrés dans la rame de métro. A-t-on idée de se promener avec une épaisseur de textile anormale ? Peut-être l’homme avait-il froid ? Ce froid qui glace l’intérieur des tripes lorsque l’on se sait, traqué, par la couleur d’une peau Qui parle à votre place Etoffant les préjugés D’autres hommes en sueur Guidés par la paranoïa débordante Mutilant En cinq coups à bout portant Le crâne d’un homme A même un quai débordé par des silhouettes Aux paupières horrifiées.

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samedi 25 juin 2005

Nathalie Ménigon: Le voyeurisme en otage

ménigon Nous, êtres humains et promeneurs sur le fil mortel de la vie, Nous, passagers précaires de ce beau pays inconstant baptisé France, fange d’égalité, fraternité et autres fadaises, sommes aujourd’hui les voyeurs pris en otage devant l’agonie programmée d’une femme de 48 ans qui a vécu plus de dix-huit longues années, derrière les barreaux.

Captez-bien ses nom et prénom : Nathalie Ménigon.

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mardi 31 mai 2005

LA BEAUTE DU NON

Serge July, directeur d’un journal qui s’appelle Libération -titre en illusion optique- a roulé pour la droite et le OUI avec ce petit air de supériorité si seyant aux intellectuels de salon. Il a donc aujourd’hui la nostalgie des référendums perdus. Il eut été si simple et si pratique de se garder d’interroger le Citoyen et surtout cette France d’en-bas, réputée analphabète.

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dimanche 13 février 2005

Hier, j'ai fait un rêve

Photo Man Ray

C'était un rêve bizarre... Un de ceux que l'on pressent métaphorique...

Les sept millions de précaires et de chômeurs marchaient vers la planète de Serge Dassault réputée pour ses idées saines. Ils avançaient sans faire de bruit, les rétines épinglées à leur fiction quotidienne. Non, ils n'avaient pas faim, non, ils n'avaient pas froid, oui, ils détestaient travailler. Déjà, dans le ventre de leurs génitrices, ils étaient nés paresseux.

Cette foule de laissés pour compte, silencieuse et inquiétante, s'enhardissait en piétinant allègrement le tapis des cinq milliards d'euros de la cinquième fortune française, laissant les billets voler au vent tels des avions de guerre relégués à leur fonction première: la casse.

Ces femmes et ces hommes décidés à faire taire la morgue des voix impériales dérivaient au pays sous-développé des acquis sociaux bafoués. En zone tabou.

Un haut-parleur diffusait la positive attitude en boucle. La chanson répétait comme un leitmotiv lancinant « les idées de gauches sont des idées pas saines. Aujourd’hui, nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche qui continuent ...Les 35 heures c’est le cancer de notre économie ... c’est quelque chose qui nous ronge »

Ils arboraient tous un sourire figé aux lèvres, craquant des allumettes au passage, brûlant les 70 journaux du chef d'escadrille de la morale pour en faire un soleil de feu.

C'était étonnant cette lumière soudaine qui éclairait le paysage de sa blancheur éclatante.

Puis vous savez comment sont les rêves... Ils sont décousus et vous font passer du coq à l'âne. En une demi-seconde.

Je me suis retrouvée propulsée en Chine dans la nouvelle force économique. Ce paradis où l'on ne licencie pas et où la main-d'oeuvre attire fortement les industriels. Et pour cause...

Le pays des nuages...

C'est ma chatte qui m'a réveillée en miaulant.

Elle avait faim. Mais elle, elle ne comprend rien à la politique...

jeudi 27 janvier 2005

Le bruit cristallin d'un talon aiguille sur le macadam

Emballé, c'est pesé...

L'agonie de la truie qui couine en une litanie perçante ne percute que le plat de l'assiette vide. On oublie la douleur de la bête pour se remplir la panse. Plaisir immédiat.

Comment l'animal a-t-il été tué ? ... Noyé dans de l'eau bouillante, tabassé au gourdin, électrocuté en masse, asphyxié dans des camions surpeuplés ? ...

Tout comme certains hommes musardent dans les faubourgs peu éclairés de la ville à la recherche de sexe monnayé, combien se posent la question de savoir comment les frangines de sang atterrissent sur le trottoir et dans quelles conditions. Ils se contentent de payer un service. Un billet contre de la chair fraîche. Puis ils rentrent chez eux, vidés de leur sève embrasser leur femme et enfants. Plaisir immédiat.

Qu'en face d'eux, se présente une jeune fille nubile à peine sortie de l'adolescence ne leur pose aucun problème métaphysique. Après tout, n'a-t-elle pas choisi ce métier et ne contribuent-ils pas par leur geste « altruiste » à l'obole de la misère humaine ? ... L'hypocrisie des consommateurs à la libido peu créative.

Sachant que la Loi du 18 mars 2003 est de mettre fin aux troubles causés à l'ordre public et de lutter contre le racolage, les activités parallèles des proxénètes se sont multipliées dépassant les frontières du visible et de l'entendement pour nager dans les sphères fangeuses et abruptes des réseaux organisés. Les plus barbares.

Des chemins de traverse baptisés Enfer, où des femmes pesées et soupesées comme du bétail, n'ont que le choix de se taire par crainte de représailles. Ne pas subir la mort anticipée, comme les truies assassinées salement.

Peut-on parler de choix, lorsque l'on constate que la plupart des filles venant d'ici et d'ailleurs, sont kidnappées, violées, droguées puis lâchées dans des campements clandestins ou des studios de fortune, muselées et encagées par des maîtres-gigolos ?

Le démantèlement des réseaux n'est pas à l'ordre du jour et ne le sera jamais. Il engendre une économie juteuse que les trafiquants et les corrupteurs ne sont pas prêts à sacrifier mais les PV, les humiliations, les coups-bas pour les travailleuses du macadam pleuvent régulièrement, les empêchant de boucler leur fin de mois et de régler la cantine de leurs enfants. La société les maintenant dans une précarité sociale et sanitaire signifiée.

Alors que la Belgique, les Pays-bas ou l'Allemagne réglementent et reconnaissent la prostitution comme une activité légale, la France flirte avec la tolérance et l'intolérance cadrées, dépendant d'un arbitraire policier.

Avant l'avènement du patriarcat, la prostitution était sacralisée, élevée au rang de profession honorable. Les péripatéticiennes étaient des prêtresses de l'amour. Dès que la société a cessé d'être matriarcale et paganiste, la femme a été décrétée impure et source de persécution.

Le plaisir du pubis qui chante est devenu synonyme de chair à broyer.

Légaliser la prostitution est certainement la seule échappée oxygénante pour protéger l'exploitation des filles de sexe minute.

La bombe à parasites se doit d'être puissante et sans concession pour éliminer les cancrelats mercantiles de la chair.

Après tout une femme peut disposer de son corps comme elle l'entend, à partir du moment où ce choix ne lui est pas imposé.

Et puis une capitale illuminée de lucioles de nuit, est moins triste qu'un dortoir-musée fantomatique. Le bruit cristallin d'un talon sur le macadam tient en haleine l'insomniaque dans le monde des chimères.

N'en déplaise à ceux qui s'insurgent à l'air libre mais qui consomment en catimini. Bardés de loi mal pensées et sans capote.

mardi 28 décembre 2004

VIOLENCES CONJUGALES: LE TABOU DU CRI ULTIME

Article de Franca Maï diffusé sur bellaciao.org sistoeurs.net hermaphrodite.fr

Des gorges ensanglantées, des corps lacérés de coups de couteau, des visages explosés par des armes à feu, des rapports sexuels imposés, des rétines révulsées par le point d’interrogation final: Pourquoi ?

Une femme, tous les deux jours, cet été, est morte suite à des violences conjugales. 29 meutres. Ca se passe en France, peut-être dans votre voisinage, peut-être même chez vous.

Le leitmotiv : la rupture. Ces femmes souhaitaient pour la plupart se séparer de leur conjoint. Elles désiraient voler de leurs propres ailes, elles imaginaient capturer le souffle de l’indépendance. Quelquefois, elles en aimaient un autre. Et ces droits-là étaient intolérables pour la personne délaissée.

Drame passionnel est un raccourci, une caution pratique pour rester aveugle et se boucher les oreilles, lorsqu’au travers un mur, le cri tétanisant de la trouille percute le silence.

Combien de violences journalières subies avant que l’homicide conjugal n’obtienne sa conclusion fatale ?

Combien de hurlements occultés ?

Combien de regards apeurés, fuyants, mis sur le compte d’un mal-être ?…

Combien de marques et de bleus sur la peau délibérément confondus avec une œuvre d’Art abstraite ?…

Après tout, ne nous mêlons pas des affaires des autres. Chacun son fardeau, n’est-ce pas ?… Ce qui se passe dans les maisons à l’achèvement d’une nuit éthylique, relève de l’intime. Et puis une femme qui se fait frapper, c’est qu’elle aime le contact du rude !…Je peux capter ce chuchotement quelquefois à la commissure de vos lèvres.

Excepté, un jeu érotique basé sur le sado-masochisme voulu et consenti par les deux partenaires, ces femmes qui n’entrent pas dans cette catégorie -je le précise ici- subissent une tyrannie domestique journalière. Elles sont pétries de terreur et s’enferment petit à petit dans un mutisme et un isolement qui ne devraient en aucun cas échapper à notre vigilance altruiste.

Nous sommes donc tous coupables puisque nous laissons des familles quelquefois entières se décimer sans bouger le petit doigt, alors qu’au fond de nos consciences, nous devinons exactement le calvaire subi par ces femmes et leur progéniture.

Aucun être au monde n’appartient à un autre. La possession, la jalousie ou la passion ne sont pas des excuses, simplement des prétextes pour commettre un crime.

Une femme doit avoir le choix de quitter son homme sans terminer en petit tas d’os calcinés.

Actuellement, l’Etat français est dans l’incapacité de fournir aux citoyens et aux citoyennes une comptabilité exacte des homicides pour violences conjugales.

L’indifférence continue sa danse de massacre.

Le sang des femmes ne provient pas seulement de leurs menstrues.

lundi 27 décembre 2004

NATHALIE MENIGON: L'OISILLON DECHARNE

Photo Christophe Lair

Article de Franca Maï diffusé sur e-torpedo.net bellaciao.org sistoeurs.net prison-eu.org etc...

Dans une minuscule pièce aux mètres carré étriqués , une femme de 47 ans depuis plus de 17 ans, piétine le ciment et tourne en rond en une valse lancinante d'incertitudes.

Ses larmes, ses peurs, ses cauchemars, ses espoirs, ses attentes, ses épuisements, ses colères, ses cris, remplissent le froid glacial d'un néant cadenassé.

Militante d'Action directe, condamnée à deux reprises - en 1989 et en 1994- par la cour d'assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 18 ans, cette femme est partiellement hémiplégique à la suite d'accidents vasculaires cérébraux.

Elle se perd dans une souffrance journalière, paralysant son corps et son cerveau au son de l'indifférence orchestrée d'un Etat à la vengeance implacable.

Et la lune rit avec ses dents pourries.

Ses nom et prénom: Nathalie Ménigon.

Nous sommes en France, en l'an 2004.

Par deux fois, une demande de suspension de peine a été mise en délibéré. La première fois, refusée. La seconde se jouant le 20 Décembre prochain par la juridiction régionale de libération conditionnelle de Douai dans le Nord du Pays.

D'ores et déjà, les deux expertises ont conclu que « son état était compatible avec la détention ».

Aucun barreau de prison ne sautera. C'est une évidence. Dormez tranquilles avec votre conscience. La loi Kouchner, sous influence, condamnée à se faire une nouvelle fois la malle !...

« Et ron et ron et ron petit paPapon... »

Un oisillon décharné agonise sous les yeux du marteau de la justice dans l'indifférence des guirlandes de Noël et des dindes diamantées.

Lorsqu'il ne lui restera plus que les plumes et les os, les donnera-t-on au félin paré de griffes rétractiles, pour laisser le sol lisse et propre ?

Comme si le parcours et les convictions d'une femme devaient sombrer dans l'inexistence. Comme si tout était inutile. Comme si rien n'avait existé. Pour l'exemple.

Mais même le cri ultime d'un oisillon peut receler quelques clairvoyances.

Car personne ne naît terroriste. Mais peut le devenir.

La seule vraie question à se poser. Pourquoi ?