Dès la première page, elle a tué. On ne sait rien d'elle, sauf qu'elle est fragile, qu'elle doute, qu'elle croit faire oeuvre. Elle, c'est Mata, elle a 16 ans, et ce meurtre, c'est son oeuvre vengeresse. Vengeance sur ce monde qui a brisé sa mère, une femme besogneuse, qui jamais n'élève la voix. Alors pas question d'éteindre ce feu qui la brûle, elle n'a pas l'âge des concessions, mais celui de l'extrême sensibilité à l'injustice. Avec Speedy Mata, Franca Maï continue à dessiner une légende des opprimés qui basculent dans le crime face à la violence sociale. Elle restitue cette énergie du désespoir par une langue vivante, qui sait se faire populaire. Une oeuvre aux antipodes de Lolita Pil, à ranger plutôt du côté de Virginie Despentes.