Le nouveau roman de Franca Maï est cependant intéressant à bien d’autres égards. D’abord, elle épure le roman de tout ce qui pourrait nous éloigner des deux voix qui cousent ce récit. Celle de cette mère déchirée, dépossédée. Celle de ce professeur, Bernard, accusé d’abord à tort, avant d’être libéré, qui vient la rencontrer, et qui lui raconte son histoire sans fards. Le dialogue qui s’ensuit, demeure pudique, sans pour autant se refuser à aborder le fond du problème : l’amour ! L’amour pour l’enfance ! Les enfants ! Car Bernard est un pédophile, connu des services de police. Ou tout du moins, s’il serait incapable de tuer un enfant, il ne demeure pas moins, un adulte qui accepta l’amour d’une pré-adolescente à son endroit.

Ce roman, presque entièrement brodée par les deux voix qui se rencontrent et se nouent, est écrit selon des procédés propres au roman américain. Sans psychologisme. Les phrases sont bien souvent courtes. Hachurées. Comme pour mieux souligner l’abrupte violence de cette histoire. Son excessive démence. Son insupportable virulence. C’est sur fond de colère, contre soi-même, contre l’extrême cruauté de la nature humaine, que s’exprime le narrateur, mère de cette petite Betty, retrouvée morte, mutilée, la bouche pleine de terre.

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