Dans Jean-Pôl et la môme caoutchouc (le Cherche-Midi 2003) Franca Maî traitait déjà du rapport de la victime à son bourreau. Elle donne à cette spirale un tour d’écrou supplémentaire avec l’ultime tabou puisqu’il s’agit cette fois du monde oppressant de la pédophilie.

La narratrice est une jeune femme Mme Alvy. Elle vivait seule avec sa fille dans un village où toutes deux s’étaient installées quelques années plus tôt. La petite fille est victime d’un prédateur parfaitement odieux.

Le récit de Mme Alvy s’ouvre par la découverte du cadavre à la morgue, puis-en très brèves et très sobres séquences- pose les éléments du puzzle. Car on trouve tout de suite un coupable : le voisin, qui est un ancien pédophile, jadis condamné pour viol. Mais l’ADN est formel. Ce coupable n’est pas le bon. Quelqu’un d’autre a commis le crime qui, bientôt, envoie régulièrement à Mme Alvy des cassettes, montrant « sous feuilleton » la détention puis la mort de la petite. Entre chaque envoi, Mme Alvy n’a pas d’autre recours que de se confier à son voisin qui, lui-même, veut se justifier auprès d’elle de son comportement passé.

Rapide, très efficace, se concentrant sur de courts dialogues, avec le minimum de descriptions, Franca Maï évite tout voyeurisme.

Elle associe deux intrigues. Qui est le criminel, torturant et fascinant Mme Alvy par ses cassettes ? Quel dénouement possible au dialogue tendu entre Mme Alvy, mère d’enfant assassinée, et son voisin, pédophile repenti mais non guéri ?

Franca Maï s’est fixé une règle rigoureuse, qu’elle suit rigoureusement. Ce qui est la meilleure solution pour une intrigue aussi périlleuse.

J M.M