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Momo qui kills
Le roman culte de Franca Maï


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Résumé

Momo est un homme usé qui marche au vent en se récurant l’oreille avec une chaussette tricotée laine angora. Momo aime le contact du doux. Pourtant il a la phobie des chats. Il a la rage. Sa femme et sa fille l’ont quitté et ça, il ne peut le supporter.Il n’a pas les mots pour répondre à la barbarie de la société qu’il subit, alors il se venge sur des femmes qu’il agresse, viole et tue. Momo nous entraîne dans sa folie meurtrière et sa descente aux enfers ponctuées par une ivresse et un désespoir froid. Une prose tranchante comme un scalpel.

extrait

Ca y est, voilà que ça me reprend. Il faut que je viole une femme. Impérativement. Je me tire à la campagne.

Trois cents, sept cents ou neuf cents kilomètres, qu’importe ! je ne connais pas cette campagne, mais ce qui m’attire est l’idée même, que les femmes y sont potentiellement disponibles. Petites maisons, petites vies, petits ragots. Le temps se la coule douce et l’ennui répand son dard dans chacun de leurs pores. Au coin d’une bouche, autour du cerne de l’œil, un relent de survie bataille sous forme de léger rictus ou de sourire éteint, tout dépend de l’angle ! avec pour unique demande : « Dites-moi que je ne suis pas encore morte, que ma vie ne se résume pas à ce vide ? ... »

Ce sont ses chevilles qui m’ont interpellé, fines, très fines. J’avais fait plusieurs fois le tour du pâté de maisons. Tout ce que j’avais vu, était lourd et graisseux. Chair flasque sous petit minois répulsif, grosses faces rougeaudes sur hanches bien campées, et de la marmaille partout, courant, chahutant, paradant. Mais lorsque mes jumelles se sont arrêtées sur ses chevilles, j’ai tout de suite su que je tenais un gibier intéressant. Dissimulé dans le bois, j’ai pris mon temps. J’aime bien étudier les us et coutumes de mes futures maisons d’accueil. Elle allait et venait, suspendant son linge, allumant et éteignant sa radio. Vraisemblablement, elle s’emmerdait ferme.

Z’auriez pas du feu, s’il vous plaît ?

Elle exprima un léger recul à mon approche d’autant que ma tête lui apparut entre un drap et une culotte livrés au vent.

Vous n’êtes pas d’ici ?

Je répondis sur un ton bourru que ma Mercedes était en panne à trois kilomètre d’ici. Je déteste établir un trop long contact avant.

Mon mari sera là vers 19 heures, si vous n’avez pas réussi à vous faire dépanner dans ce trou à rats, revenez, il vous donnera un coup de main.

J’ai pris congé. J’avais deux bonnes heures devant moi. Je me suis arrangé pour rester dans son champ de vision tout en m’éloignant et la rassurer quant à mes intentions mais, dès que j’ai pu, je me suis faufilé et j’ai enjambé la petite fenêtre que j’avais repérée. Elle donnait sur la buanderie. Tout était nickel là-dedans, bien rangé et empilé à la place usuelle, à la mesure de l’abattement qui transpirait du lieu. J’ai éteint ma cigarette et j’ai attendu tranquillement, concentré comme un athlète avant une performance...

Momo qui kills (JPG)
Franca Maï
Cherche-Midi Editeur
ISBN : 2-7491-00-062
(2002)







Parution Cherche-Midi 29 Août 2002
Parution Pocket Nouvelles Voix 1er Avril 2004


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