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L’Amour Carnassier une critique de Marc Alpozzo pour Boojum

L’Amour Carnassier critique de L’écho républicain du 7 mars 2008


SANS UTOPIE, A QUOI CA SERT DE VIVRE ?

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Franca Maï
Crédit Photo :
Didier Delaine (2008)

Agence Photo KOBOY

Notre société vue par une adolescente de 14 ans. C’est le dernier roman de Franca Maï : L’AMOUR CARNASSIER

Franca Maï écrit comme elle respire. Ses courts chapitres sont des battements de cœur qui parfois s’emballent, puis se calment, mais pas trop souvent. Car les romans de cette écrivain résidant à Saint-Lubin-des-Joncherets ne laissent pas de place à la mièvrerie. Ils sont tout sauf anodins. L’Amour carnassier, son dernier opus, laisse le lecteur haletant, interrogatif parfois face au changement de narrateur, effrayé souvent par la violence des faits et des mots, admiratif toujours devant cette peinture réaliste de la société.

Discussion avec Franca Maï, la révoltée, dont la plume appuie là où ça fait mal.

- C’est votre sixième roman en autant d’années publié chez le même éditeur, est-il difficile de tenir ce rythme ?

-  Non car c’est presque naturel. J’ai commencé l’écriture assez tard, j’avais 40 ans, et ce sont quarante années de plein qui sont en train de se dégager. Je trouve au Cherche-midi le regard de Pierre Drachline qui est très important. J’ai conscience de vivre avec lui les belles heures de la littérature car c’est quelqu’un qui l’aime vraiment. Il a un grand respect de ses auteurs. Nous avons une vraie complicité littéraire et artistique.

- En quoi L’Amour carnassier se différencie-t-il de vos autres ouvrages ?

C’est la première fois que je place dans un roman, des éléments biographiques. La forme narrative est la deuxième chose qui change. Lou, une gamine de 14 ans un peu spéciale s’ennuie dans cette campagne plate à mourir. Elle cherche le feu, la lumière en regardant les maisons. On les traverse. Et à chaque fois qu’on en pénètre une, je parle à la première personne. On vit ainsi au rythme de chaque personnalité des maisons, ce qui peut être un peu déroutant au départ pour le lecteur. Mais une empathie se crée.

« Le message, c’est l’utopie »

- Quel effet ont ces observations sur votre personnage principal ?

Lou ne sait pas à quel point elles vont être importantes pour son futur. C’est une espèce d’initiation auprès des adultes. Elle apprend la passion destructrice, puis l’humanité, la xénophobie, le racisme, l’intolérance du voisinage à travers une rescapée de la Shoah. Ces expériences, ajoutées à celles qu’elle vit dans sa propre maison, vont la faire grandir et prendre le chemin de la liberté. Il est ensuite intéressant de voir ce qu’elle va en faire...

- Et alors ?

Dans la vie il y a phénomène de cycles. Vous fuyez un endroit et vous allez vous y retrouver sans savoir pourquoi. Je voulais faire vivre ça à Lou. Et c’est en retrouvant ce havre de paix dont lui parlaient ses parents, qui la débectait au départ car c’était celui de la soumission, que va démarrer son utopie. C’est contradictoire, mais c’est là qu’elle va trouver la clé de sa propre sérénité.

- En revanche, vous conservez le rythme de chapitres courts ?

C’est une musicalité, un rythme qui rend mes romans très contemporains car mes lecteurs vibrent au rythme réel des personnages. Tous me disent, dès qu’on a votre livre entre les mains, on n’arrive pas à le lâcher. Et cela tout en leur faisant passer des sales destins. Sur mes six romans, je me rends compte que j’ai parlé quatre fois de l’adolescence, car c’est là que tout se joue, que l’on trouve le plus de chutes libres. Mais c’est au moment où les adolescents cherchent une autre lumière qu’ils vont prendre le chemin. C’est un important de donner le feu au travers de la littérature.

- C’est le message principal de L’Amour carnassier ?

Le message, c’est l’utopie, au sens noble du terme. Car sans elle, à quoi ça sert de vivre ? Si vivre c’est manger, dormir, travailler...

Or, nous sommes dans une société où on casse les rêves.

On casse toutes velléités de liberté et de lumière. Pour moi, les derniers bastions de résistance sont importants. Ils ne sont plus dans l’image qui a été détournée dans des codes de bienséance télévisuelle mais encore dans la littérature et sur Internet. Nous sommes dans un marché terrible où la biographique politique et le roman de gare endorment toute forme de combat.

- Mais les lecteurs y vont de leur plein gré.

Non car lorsqu’on leur propose autre chose, ils y vont. Les librairies indépendantes font un super travail à ce niveau. Mais cela demande d’être actif. C’est plus rassurant de rentrer chez soi et d’appuyer sur un bouton.

- Dans vos romans, vous avez une vision très noire de la société ?

Il y a dans mes livres, un constat et une dénonciation, une grande critique de cette société de consommation qui a engendré un individualisme terrifiant. C’est vrai que j’ai toujours cette recherche.

-  propos recueillis par Gérald Massé
Pour l’Echo Républicain du Vendredi 7 Mars 2008 N°19.833

L’Amour Carnassier
roman de Franca Maï
ISBN n° 978 2 7491 0972 5
204 pages 14 x 21,
14 € ttc France (2008)

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